Voyage au pays des steppes

Vers la vallée de l'Orkhon

Vers la vallée de l’Orkhon

Avant de prendre la route vers la vallée de l’Orkhon, nous prenons le temps de visiter le monastère de Baruun Khuree, littéralement le Temple de l’Ouest, situé entre les villes de Karakorum et de Khujirt. L’un des temples est en cours de rénovation. On voit d’ailleurs très bien que les très belles peintures qui ornent la charpente soutenant le toit sont récentes ; de même que sur le toit, le gandjir doré brille d’un éclat spécialement vif. Une cérémonie a lieu à l’intérieur de l’autre temple. Les tangkas qui y sont suspendus semblent particulièrement anciens.

En chemin, nous passons devant la ville de Khujirt, réputée pour son centre de cure thermale dans une région riche en sources chaudes. En haut d’une colline se trouve la statue d’un cerf. Selon la légende, un cerf gravement blessé s’était rétabli grâce aux vertus thérapeutiques de l’une de ces sources.

L’après-midi, pause dans un nouvel aïl où l’on nous sert fromage et arkhi. Petite halte, un peu plus tard, au sommet d’une gorge d’où l’on a une superbe vue de la région, de la rivière Orkhon et du bois qui la borde.

Nous arrivons à l’entrée du parc national de l’Orkhon. Sous le regard de deux enfants à cheval, le gardien délaisse sa guérite et remplit la paperasserie assis au bord de la route, à même l’herbe, comme si la bureaucratie avait du mal à pénétrer jusqu’ici. En repartant, nous prenons en stop la directrice du parc, et plus tard un homme et son petit garçon ; nous les déposons tous les trois devant un camp de touristes. Quant à nous, nous campons au bord de l’Orkhon, au milieu de collines boisées où paissent de nombreux troupeaux de yacks.

Les cinq museaux

Les « cinq museaux » sont les cinq espèces animales élevées par les Mongols : moutons, chèvres, bovins, chevaux, chameaux. La tradition les sépare en museaux froids (chèvres, bovins, chameaux) et museaux chauds (chevaux, moutons), ou encore en pattes courtes (moutons, chèvres, bovins) et pattes longues (chevaux, chameaux). Les bêtes portent une marque, le tamga, qui identifie son propriétaire. L’élevage représente une part très importante du PIB du pays, avec quelques trente millions de têtes de bétail. On ne trouve pas de porcs ni de volaille.

Plusieurs légendes montrent un chameau stupide, qui se fait voler ses cornes par le cerf, sa queue par le cheval, ou qui expliquent pourquoi le chameau « se roule dans la cendre » : il avait été décidé que celui qui, du rat ou du chameau, verrait le lendemain les rayons du soleil en premier, figurerait parmi les douze animaux du calendrier (rat, bœuf, tigre, lièvre, dragon, serpent, cheval, mouton, singe, coq, chien, cochon). Tandis que le chameau regardait à l’est, le rat, juché sur une bosse de ce dernier, attendit que les premiers rayons du soleil se reflètent sur une montagne située à l’ouest. Il fut donc le premier à voir le soleil se lever. Afin d’échapper à la fureur du chameau, le rat courut se cacher sous un tas de cendre ; c’est depuis ce jour que le chameau, à la recherche du rat, se roule dans la cendre, et que le rat figure dans le calendrier bouddhique.

Barbecue

Bagui prépare un de ces tours de magie culinaires dont il a le secret. Il rassemble un tas d’argol auquel il met le feu, puis il y met à cuire des pommes de terres dans du papier aluminium et confectionne des brochettes que nous ferons cuire sur ce « lit d’argol » (autrement dit, sur du caca de yack...). Rassemblés autour du feu avec à la main nos brochettes croisées, nous ressemblons à douze mousquetaires ; et plutôt des Portos que des d’Artagnan... Un récipient de fraises sauvages clôt ce succulent dîner.

Tounga sort une nouvelle bouteille de vodka, ce qui tombe bien car c’est l’anniversaire de Cathy. La soirée se termine entre les rires, le bruit de l’Orkhon qui roule sur les galets, et le martèlement feutré des chevaux qui galopent au loin.

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